de COLLIOURE à CADAQUES- Jour 5-
A Cadaqués, enfin.
Cachée au fond d'un port naturel à l'abri des derniers ressauts des Pyrénées, Cadaquès la blanche, perle de la côte catalane, a séduit tous les artistes, à commencer par Dalí. Ce petit port de pêche mène aussi au Cap de Creus, l'un des plus beaux parcs naturels maritimes terrestres d'Europe.
Sur la côté catalane, à quelques kilomètres de la frontière française, il est un petit port de pêche où la douceur de vivre a longtemps attiré les plus grands artistes du 20 e s. : Cadaquès !
Au fond d'un port naturel à l'abri des derniers ressauts des Pyrénées, ce village catalan de moins de deux mille âmes a conservé sa blancheur immaculée et son architecture traditionnelle. La seule route qui y mène, superbe d'ailleurs, date d'une cinquantaine d'années seulement : ce petit port de pêche catalan, resté isolé pendant des siècles, se considère toujours comme une île avec ses traditions et sa culture, notamment celle de la piraterie. Les marins de Cadaquès attaquaient les bateaux en haute mer, avant de se réfugier dans leur village. En retour, d'autres pirates échaudés lançaient des razzias sur Cadaquès en représailles ! Les ruelles escarpées du village forment d'ailleurs toujours un véritable labyrinthe destiné à l'origine à semer et perdre les assaillants. Le pirate turc Barbe-Rouge réussit néanmoins à brûler l' église Santa Maria au 16 e s. Reconstruite par les pêcheurs, l'édifice abrite aujourd'hui un retable baroque extraordinaire, l'un des plus beaux de Catalogne. Ce chef-d'ouvre a pourtant bien failli disparaître pendant la guerre civile espagnole. Les troupes républicaines voulaient lui faire un sort pour l'exemple. Les habitants cachèrent le retable derrière un mur de stuc construit en une seule nuit !
En sortant de l'église, le voyageur admire au premier plan les toits serrés les uns contre les autres de Cadaquès, puis la mer aux reflets vineux comme dirait le poète, puis tout autour, un paysage méditerranéen de collines arides. Hors du temps pour quelques précieuses minutes. Quelques vieilles personnes prennent le frais à l'ombre d'un bougainvillier aux fleurs opulentes, tandis que les touristes digitalisent la scène pour l'éternité. On repart. Dans les rues blanches, de grosses figues de Barbarie écrasées ponctuent le pavé de tâches rouges, tandis qu'au-dessus de nos têtes, les silhouettes blanches de mouettes bruyantes traversent le ciel bleu. Au détour d'une place, on tombe sur un portrait en graffiti de la figure tutélaire de Cadaquès, Dalí : sur cette fresque urbaine, le pape de la provocation a de faux airs de Don Quichotte. Né à Figueras, Dalí, dont la statue trône sur le port de Cadaquès, a passé toutes ses vacances sur cette côte, avant d'y acheter en 1930 une cabane de pêcheurs, puis deux, au lieu-dit Portilligat, à quelques centaines de mètres du centre - séduit à l'époque par la lumière et l'isolement. Aujourd'hui, cette maison-musée étonnante, où aucun objet n'a bougé depuis la mort de l'artiste, attire des centaines de milliers de visiteurs de par le monde. Feu la solitude ! C'est un dédale de couloirs - à l'image de Cadaquès - où prospère au milieu un jardin aux essences méditerranéenne. Au-delà de Dalí qui y a attiré de nombreux amis (Picasso, Mirò, Federico Garcia Lorca, Bunuel), Cadaquès a exercé son charme sur les plus beaux esprits du vingtième siècle, de René Magritte à Marcel Duchamp en passant par John Cage et André Derain ! Quant à Christophe Colomb, il s'y serait arrêté contraint et forcé un jour de tempête. Cadaquès est aussi la patrie spirituelle du plus grand écrivain catalan du 20 e s., méconnu en France, Josep Pla. Comme tous ces illustres prédécesseurs, on aime à flâner sans fin et sans but dans ces ruelles immaculées et tortueuses, s'arrêter à la terrasse d'un café (le Rosa Azul par exemple où l'on sert de délicieux cocktails à l'ombre d'un immense platane), admirer quelques beaux exemples d'architecture modernistes ou - comme Dali (toujours lui) - partir à la découverte du Cap de Creus , l'un des plus beaux parcs maritimes terrestres en Europe. |