Le moulin (à vent) du chêne Saint Christophe.
Dans “Moulins en Hainaut”, Gérard Bavay nous rappelle qu'au niveau des réalités matérielles de l'environnement, l'installation de tel moulin à tel endroit du paysage a toujours été le résultat d'un choix. Dans le cas qui nous occupe, il va sans dire que c'est la situation géographique particulière du lieu qui a été déterminante dans la décision de construire un moulin à vent à cet endroit. En effet, celui-ci nommé “Chêne St Christophe” culmine à 85 m alors qu'à la place du village, l'altitude est de 47 m.
Ce moulin a connu, au cours des années, différentes appellations, passant du “ Moulin du Quesne ” au “ Moulin de Bassilly proche le Chêne St Christophe ” pour finalement et tout simplement prendre le nom de “ Moulin du Chêne St Christophe ”.
-En 1692 on trouve la forme "Moulin du Quesne" (carte du Chevalier de Beurain, géographe du Roi) Musée archéologique d'Enghien.
-En date du 01 août 1704: "Moulin à vent situé proche du chesne Xtophe " (manuscrit de la Seigneurie d'Enghien, farde 7 bis, Inv Beauvoix, archives d'Arenberg, déposée au Couvent des Capucins à Enghien).
-En date du 27 janvier 1733: "Moulin du chêne" (réf: idem farde 12.)
-En 1746 on retrouve la forme "Moulin du Quesne" (Archives d'Arenberg n°33, aux archives royales de Bruxelles)
-Sur la carte de Ferraris, 1771-1778, on note à nouveau la forme "Moulin du chêne St Christophe".
-En 1840 on rencontre pour la première fois la forme "Moulin Duquesne" (en 1 mot sur les Plans de Popp) , archives de l'état à Mons et donc dans tous les actes notariés du 19e siècle.
-Enfin notons que Benoît Bouché (1873-1955) dans son oeuvre "Visages de là-bas" (Nouvelles consacrées à Bassilly et à ses gens, en page 150, (édition "l'Eglantin à Bruxelles") employe la forme "Moulin du chêne":
" Là-bas, sur une motte, aux confins de la commune, le moulin du chêne ....."
Le moulin du Chêne St Christophe a été érigé par Paul Orinex suite au contrat d'érection daté du 6 octobre 1635. Nous pensons que c'est le premier moulin à vent à avoir été construit à Bassilly.
Partie extraite de la carte, le Moulin du chêne est encadré.
Les cahiers intitulés “Autre recette de fermes appartenant à son Altesse à Bassilly tant des moulins, cense, prez qu'autrement comme sensuit” et constituant une partie du Fond d'Arenberg ( A.G.R., Bruxelles) nous révèlent le nom des personnes qui, au cours des années, ont pris à ferme le Moulin du Quesne.
En 1720, Gilles Slachmeulder a pris à ferme pour six ans le Moulin du Quesne de Bassilly avec obligation de payer le tiers gain au Seigneur d'Enghien Léopold Philippe d'Arenberg.
Partie extraite d'un plan figuratif de l'Abbaye de Grimbergen (année 1724)
Le 22 septembre 1731, Gille Vanden Brande , au lieu de Gille Slachmeulder , a repris à ferme pour six ans le moulin à vent de Bassilly – (A.G.R., Brux. Fond d'Arenberg D31/LA355).
Ci-après, photocopie d'une annotation de prise à ferme du Moulin du
Chêne St Christophe en 1742 (A.G.R., - Fond d'Arenberg – D40-2498).
Partie extraite d'un plan figuratif de la ferme du Château (année 1733)
Le 22 septembre 1755, Jean François Vandenbrande a pris à ferme pour six ans le Moulin à vent situé proche le Chêne St Christophe à Bassilly dont les représentants de Gille Slagmeulder ont les deux tiers en propriété et Son Altesse l'autre tiers (A.G.R., - Fond d'Arenberg D48/S.5495)
Le 23 septembre 1761, Jean Baptiste Vandenbrande le prend à ferme pour six ans pour 315 livres par an dont le tiers appartenant à Son Altesse Charles Marie d'Arenberg.
Le 13 octobre 1767, le moulin a été exposé à ferme au plus offrant pour le terme de six ans (A.G.R., Brux. – Fond d'Arenberg D57/S364) et est demeuré à Jean François Vandenbrande de Bassilly au prix de trois cent livres l'an.
Extrait de la carte de Ferraris dressée de 1771 à 1778, le Moulin du Chêne St Christophe est encadré. |
En 1778, Jean François Vandenbranden de Bassilly est propriétaire du Moulin du Quesne ; les charges ou obligations dont le propriétaire devait s'acquitter cette année sont : les vingtièmes et les tailles, une rente d'un muid (6 razières ou 24 quartiers ou 96 pintes ou 320,4 l) de blé aux pauvres et sept livres à l'église de Bassilly (Dewert, Moulins).
L'Atlas parcellaire correspondant au Plan Popp dressé pour Bassilly vers 1850 renseigne Yernault Baptiste , cultivateur à Marcq comme propriétaire du moulin mais n'indique pas le nom du meunier.
Extrait du Plan Cadastral de Popp dressé pour Bassilly vers 1850 ; encadré, le moulin du Chêne St Christophe.
Par acte passé le 31.12.1866 devant le notaire Paternostre , Benoît Hubert Devel devient propriétaire du Moulin du Chêne St Christophe ainsi que de la maison et des dépendances y annexées.
Le 4 décembre 1905, ledit Devel vend à Simon Debacker de Biévène, le moulin, la maison, les dépendances, 86 moutons et agneaux, 2 chiens de berger et autre bétail et basse-cour. Simon Debacker installe son frère Jean Baptiste dans la propriété en qualité de meunier et berger. Jean Baptiste Debacker fut le dernier meunier de ce moulin.
Le moulin cessa toute activité peu après 1918 et fut anéanti par la tempête le 6 novembre 1921. Voici l'extrait de meteo.be.
" Une violente tempête accompagnée d'orages et de chutes de grêle provoque d'importants dégâts en basse et moyenne Belgique. Les communications téléphoniques et télégraphiques avec les pays voisins sont interrompues. "
Une grosse partie de la charpente a été vendue à des fermiers des environs et pour l'étable du propriétaire. Les meules cassées par la démolition, ont servi à niveler une petite fosse à fumier. Des quartiers de meules et la butte sur laquelle se dressait le moulin sont toujours visibles actuellement.
Le Moulin du Chêne St Christophe vers 1912
Photo prise à l'époque par Omer Belin de Bassilly, peintre en bâtiment dont le hobby était la photographie, exceptionnel à cette époque.
Jean-Baptiste a 89 ans. |
Debacker Jean-Baptiste, né le 14 juillet 1861, décédé en 1951, a été le dernier meunier du Moulin du Chêne St Christophe. C'était mon arrière Grand Père |
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Moulin du Chêne St Christophe Dessin (année 1989) de Chantry d'après une carte postale de vers 1912. |
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Photo d'un moulin à vent identique encore sur pieds. il a été construit tout en bois de chêne pendant le 17e siècle à côté d'un chêne portant une potale de St Christophe
Il s'est écroulé lors de la tornade en septembre 1921. |
.-Moulin du Chêne St Christophe ....Reproduction d'une peinture de B. Bouché (année 1902). Collection de la veuve H. Dubois à Silly. Dessin colorié au pastel de Lautry en 1989 ( à noter que les ailes sont dessinées pour la rotation du moulin soit inverse des aiguilles d'une montre. L'autre sens a aussi été utilisé plus tard. A Mauvinage le moulin tournait aussi à gauche.)
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Pour commémorer le moulin et mon arrière Grand-Père j'ai réalisé une maquette du moulin au 1/12 en respectant les proportions, mais sans l'équipement intérieur. Pour le faire vivre je l'ai équipé d'une queue ce qui lui permet de faire office de girouette. Voici quelques images de ce bel objet qui décore le toit de mon abri à bois.
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Le Saint Patron- Saint Christophe- La légende.
Selon une tradition répandue, connue de sources variées et popularisée par la Légende dorée de Jacques de Voragine , il était un Chananéen du nom de Auréfus(né en 193 de père païen au "pays des chiens"), Réprouvé, d'allure terrible tant il était imposant, cinique aux yeux méchants et aux traits haïs. Beaucoup de force mais peu d'esprit. Il vivait comme un bandit. Il eut l'idée de se mettre au service du plus grand prince du monde et se présenta donc à un roi très puissant. Un jour, un jongleur évoqua le diable devant le roi très chrétien, qui se signa aussitôt. Réprouvé, fort étonné, demanda au roi le sens de ce geste. Celui-ci avoua, après bien des hésitations, sa peur devant le diable. Réprouvé, qui ne concevait de se mettre au service que du plus puissant, quitta donc le roi pour trouver le diable .
Dans le désert, il s'approcha d'un groupe de soldats, parmi lesquels s'en trouvait un particulièrement féroce, qui lui demanda où il allait. Lorsque Réprouvé répondit, le soldat lui dit : « Je suis celui que tu cherches ». Marchant ensemble, il fut étonné de voir le diable s'enfuir devant une croix. Réprouvé, qui l'avait suivi, lui demanda la raison de sa peur. Après bien des hésitations, le diable avoua craindre la croix. À ces mots, Réprouvé le quitta et partit à la recherche du Christ pour se mettre à son service.
Il finit par rencontrer un ermite qui lui expliqua les principes de la foi en Jésus-Christ. Il lui dit :
« Ce roi désirera que tu jeûnes souvent ». « Cela m'est impossible », répondit le géant. L'ermite ajouta : « Ce roi désirera que tu lui adresses de nombreuses prières ». Le géant répondit qu'il ne savait ce que cela était et que, donc, il ne pouvait pas davantage se soumettre à cette exigence. L'ermite lui dit alors : « Tu iras te poster à tel fleuve tumultueux et tu aideras les gens à le traverser ».Réprouvé accepta. Il se construisit une petite maison au bord du fleuve et chaque jour, aidé d'une perche, il faisait traverser les voyageurs. Un jour, longtemps après, il entendit la voix d'un petit enfant qui lui demandait de le faire traverser. Il sortit mais ne vit personne. Rentré chez lui, il entendit une seconde fois l'appel de l'enfant. Dehors il ne trouva personne. Ce n'est qu'au troisième appel que le géant vit le petit enfant qui attendait sur la berge. Il le prit sur ses épaules et commença donc la traversée. Mais, à mesure qu'ils progressaient, l'enfant devenait de plus en plus lourd et le fleuve de plus en plus menaçant, tant et si bien qu'il eut le plus grand mal à rejoindre la berge opposée. Une fois l'enfant déposé, il lui dit :
« Enfant, tu m'as exposé à un grand danger, et tu m'as tant pesé que si j'avais eu le monde entier sur moi, je ne sais si j'aurais eu plus lourd à porter. » L'enfant lui répondit : « Ne t'en étonne pas, Christophe, tu n'as pas eu seulement tout le monde sur toi, mais tu as porté sur les épaules celui qui a créé le monde : car je suis le Christ ton roi, auquel tu as en cela rendu service ; et pour te prouver que je dis la vérité, quand tu seras repassé, enfonce ton bâton en terre vis-à-vis de ta petite maison, et le matin tu verras qu'il a fleuri et porté des fruits. »L'enfant disparut miraculeusement. Christophe fit ce que l'enfant lui avait dit et trouva le matin des feuilles et des dattes sur le bâton.
Christophe partit alors pour Samoa , en Lycie où, ne comprenant pas la langue, il tomba en prières afin que Dieu l'éclaire — ce qu'il obtint. Il alla à la rencontre des chrétiens qui, dans la ville, essayaient de convertir la population. Un des juges de la ville y trouva l'occasion de le frapper au visage. Il ficha son bâton dans le sol avec l'espoir d'un nouveau miracle… qui eut lieu en effet : ainsi huit mille hommes devinrent croyants. Le roi de la région, exaspéré, envoya deux cents soldats pour l'arrêter. Mais, sitôt qu'ils le virent en prière, ils hésitèrent. Le roi envoya à nouveau deux cents autres hommes qui à leur tour prièrent avec Christophe. Les ayant convertis, il accepta de les suivre chez le roi. Le roi eut grand peur en le voyant mais lui demanda son nom. Christophe répondit :
« Auparavant l'on m'appelait Réprouvé mais aujourd'hui je me nomme Christophe ». Le roi lui fit remarquer le choix peu judicieux : pourquoi prendre le nom de quelqu'un mort humilié sur une croix ? pourquoi ne pas se rallier à ses dieux ? Christophe lui répondit : « C'est à bon droit que tu t'appelles d'Agnus 8 , parce que tu es la mort du monde, l'associé du diable ; et tes dieux sont l'ouvrage de la main des hommes ». Le roi lui proposa un marché : soit il le sacrifiait à ses dieux, soit le roi le suppliciait. Christophe refusa et fut jeté en prison. Le roi y envoya deux prostituées afin qu'elles le séduisent — Nicée et Aquilinie. Christophe en prière ne céda pas à leurs caresses et lorsqu'elles virent son visage éclatant demandèrent à être converties. Le roi entra dans une grande colère et leur ordonna de sacrifier. Elles acceptèrent à la condition que les places soient nettoyées et que tous les habitants soient au temple. Quand il fut fait ainsi et devant chacun, elles dénouèrent leur ceinture, les passèrent au cou des idoles et les firent tomber. Sur ordre du roi, elles furent suppliciées avant qu'il ne s'en prenne à Christophe lui-même qui résista à toutes les tortures. Le roi finit par le faire attacher à un arbre et lança quatre cents flèches sur lui qui toutes restèrent suspendues sauf une qui, suite aux injures du roi lancées à Christophe, se détourna et vint se planter dans son œil. Christophe lui dit : « C'est demain que je serai sacrifié. Tu prendras mon sang et tu en feras de la boue. Tu poseras cette boue sur ton œil qui guérira ». Christophe fut ainsi décapité. Le roi suivit ses conseils et appliqua la boue qui aussitôt guérit son œil. Alors le roi crut et porta un édit qui interdisait à quiconque de blasphémer le nom de Dieu et de celui de son serviteur, Christophe.Saint Christophe est vénéré chez nous.
Nos aieux estimaient être protégés contre tout danger ou accident pour le reste de la journée après avoir jeté un regard sur l'image ou la médaille de St Christophe.
"Regarde St Christophe et va-t'en rassuré" dit l'adage. Ceci explique qu'il soit l'un des Saints Patrons de la "bonne mort", ce qui fait de lui un "intercesseur" tels que l'étaient Mercure pour les Romains, Hermès pour les Grecs, Anubis pour les Egyptiens et autres dieux lares dans les mythologies anciennes.
Il fut et reste invoqué pour divers maux, tous en rapport avec sa légende. Comme il avait été jusqu'à porter le fils de Dieu et le monde entier, on le prie à Liège pour le tour de reins, tandis qu'à Braine-le-Comte on l'ivoque pour les personnes rhumatisées. Pour avoir fait passer le gué à l'Enfant Jésus par une nuit de tempête, le peuple lui demande d'intervenir pour les enfants qu' un mal quelconque empêche de marcher ( à Bouillon ou aussi à Braine-le-Comte), ou de le protéger des dangers imprévus: la grêle, l'orage, l'incendie, la mort subite. Faut-il rappeler qu'il reste le Saint patron des voyageurs et des touristes(comme Hermès).
Au moyen âge, où les recours aux saints étaient si fréquents, on implorait sa puissance contre la peste.
Le culte de St Christophe existait déjà au 11ième siècle à Hansinelle (province de Namur) et au 12ième siècle à Evergem (Flandre Orientale). Il est intéressant de relever, au niveau local, que comme St Christophe fut, lors de son martyre, préservé de la violence du feu, bien des ouvriers de la Fonderie de Bassilly possédaient une statuette de St Christophe, afin de se garantir des brûlures.
Enfin, comme il acheva son martyre par la décapitation il est aussi invoqué contre les maux de tête ( notamment à Racour, au pays de Liège).
Sans que l'on sache trop pourquoi, St Christophe était même vénéré à Ath comme patron des "viniers et des brasseurs-cambiers". On aurait aussi, ci et là, demandé à St Christophe l'une ou l'autre intervention dans le domaine sentimental.....
(Texte de André Dubois).
Prière à Saint Christophe
Accorde-moi, Seigneur, une main ferme et un regard vigilant ;
que personne ne soit blessé quand je passe.
Tu as donné la vie,
je prie pour qu'aucun de mes actes ne puisse enlever
ou endommager ce Don de Toi.
Abrite, Ô Seigneur, ceux qui m'accompagnent,
des maux du feu et de toutes les calamités.
Apprends-moi à utiliser ma voiture pour le besoin des autres,
et à ne pas manquer, par amour de la vitesse excessive,
la beauté du monde ;
et qu'ainsi, je puisse continuer ma route avec joie et courtoisie.
Saint Christophe, saint patron des voyageurs,
protège-moi et conduis-moi en toute sécurité vers ma destination.
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